Fontaine du trahoir : une fontaine – un lieu d’exécutions, devenus maison de l’Andorre

Si nous voyons aujourd’hui une élégante fontaine à l’intersection de la rue de l’Arbre Sec de la rue Saint-Honoré son histoire n’a pas été sans rebondissements. Désormais à sec, occupée d’un collectif d’artistes qui soupçonnerait que ce bâtiment a remplacé une précédente fontaine située à quelques mètres et que le lieu était celui d’exécutions… avant qu’elle ne prenne le sage aspect qu’elle connait de nos jours.

L’histoire

A l’origine à cette intersection de rues se trouvait une place plutôt vaste et un grand calvaire comme on peut le constater sur les plans anciens ci-dessous (plan dit de Bâle, plus Mérian, puis celui de Turgot) :

Sur ce montage on peut constater que la croix a été déplacée et que son socle n’est plus le même d’une période à l’autre (autant que l’on puisse s’appuyer sur ces représentations plutôt anciennes) ce que l’on pourra pour partie expliquer ci-après. Enfin un dessin du XIXe siècle (dans un style très romantique), semble confirmer la hauteur de la croix représentée sur le plan Turgot.

Commandité par François 1er la première fontaine dont nous avons trouvé le témoignage ici était destinée à servir de socle à la croix du Trahoir. Cette fontaine décorée par Jean Goujon (voir la fontaine des Innocents) ne se trouvait pas sur son emplacement actuel mais à l’intersection des rues de l’arbre sec et Saint Honoré. Construite en 1529 elle n’est cependant pas restée en place car elle gênait un trafic intense (l’axe de la rue Saint-Honoré étant particulièrement actif et ceci d’autant plus dans le quartier très commerçant des Halles) et créait un rassemblement de personnes du fait d’étals qui venaient se placer tout autour de cet édicule. Pour le moment pas de représentation de cette « première » fontaine et il serait passionnant de pouvoir en trouver une d’époque… Pour en « finir » avec le lieu, cette intersection de rues était l’endroit de sinistre mémoire où se déroulait des exécutions.

Pour remédier aux dérangements quotidiens qu’occasionnait la fontaine et ses habitués elle fut déplacée en 1634 sur ordre de Louis XIII (probablement également la croix si l’on se reporte au plan Turgot ci-dessus). Elle se trouva dès lors à sa place actuelle mais pas dans l’édifice que l’on admire à ce jour.

L’édifice actuel

Reconstruite en 1776, comme l’indique l’inscription latine encore en place au-dessus de la vasque qui récoltait l’eau de cette fontaine, elle fut inaugurée l’année ou Louis XVI devenait roi. Edifiée selon les plans de Jacques-Germain Soufflot qui en fait un édifice néoclassique que l’on connait encore de nos jours.

L’édifice possède 2 étages, dont un qui devait servir de logement au fontainier, il devait par ailleurs accueillir les magistrats lors d’exécutions qui avaient lieu sur la place du Trahoir. Ci-dessous le plan de ladite fontaine tel que visible aujourd’hui. Une sculpture de nymphe que l’on dit inspirée de Goujon (voir supra) mais dont nous n’avons pas trouvé de confirmation formelle, fut réalisée par Boizot et se trouve visible rue Saint-Honoré.

Avant de trouver son collectif d’artiste elle fut dans les années soixante la maison de l’Andorre puis inoccupée durant nombre d’années. Impressionnante par sa hauteur et la qualité de son architecture, elle témoigne encore aujourd’hui de l’importance vitale que revêtait les sources d’eau dans une ville où une eau pure était une denrée rare.

Sources

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fontaine_de_la_Croix_du_Trahoir

– Jacques Hillairet, Connaissance du vieux Paris, éditions Payot et Rivages, Paris, 2017.

– Jacques de Sacy, Le quartier des halles, Ed. Le temps, 1969.

Images

  • Croix du tirouet, plan Bonardot 1540
  • Plan de Bale vers 1550 :

Photos de l’auteur

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