Le cerf de la façade de Saint Eustache

Où voir ce sacré animal !

Restons, une fois encore, sur la rive droite de la Seine et plus exactement dans le quartier des halles, cœur médiéval de Paris, où l’on pourrait passer des années à récolter les anecdotes qui ont fait ce quartier sans les épuiser toutes.

Cette fois-ci, notre regard se tourne vers la façade sud. De l’église saint Eustache, où nous découvrons, si nous avons de bons yeux, la sculpture ; de la tête, du torse et des antérieurs, d’un cerf ! Un cerf qui sort littéralement de la façade comme s’il allait sauter sur les passants. Et si l’on regarde mieux encore, nous verrons que ce cerf, dont les bois et les oreilles semblent faits de marbre lorsque le reste de son corps se compose de pierre de taille, ce cerf donc est surmonté d’un crucifix.

Voilà un animal que l’on ignore généralement et il faut vraiment s’arrêter ou prendre du recul pour le voir, autant dire que personne, ou presque, ne le remarque. Mais que fait-il sur cette façade ? Sa situation, tout en haut, dominant l’édifice et le quartier, laisse supposer avec raison qu’il est important. On cherchera donc si l’on est curieux qui est saint Eustache à qui cette église est vouée et l’on aura raison !

Car voilà bien le symbole du saint et son histoire (dont le nom (Eustache) signifie constant, bien équilibré) nous éclaire sur la place de ce cervidé placé en altitude.

La légende le général Placidas devenu saint Eustache

Pour ne pas vous ennuyer avec trop de détails voici ce que l’on peut dire rapidement au sujet d’Eustache. Nous sommes dans les années +100, dans l’Empire Romain, les empereurs régnants sont Trajan et Hadrien, l’époque est marquée de guerres sans fin, notamment contre l’empire parthe (dont le cœur se situe dans l’Irak actuel). Général païen talentueux Placidas lors d’une chasse se retrouve nez à nez avec un cerf majestueux portant entre ses bois un crucifix. Cette rencontre, une voix intimant au général de se convertir, convainquent le militaire qui devient (avec toute sa famille) chrétien. Après de nombreux rebondissements (qui pourrait faire une excellente série TV) : famille séparée qui se retrouve à nouveau réunie bien des années plus tard, un Placidas (qui a pris le nom d’Eustache en devenant chrétien) que l’on vient rechercher dans sa retraite pour le remettre à la tête de troupes… jusqu’à la triste fin en martyr voilà qui ne manque pas de sel… et qui finit, des centaines d’années plus tard, par un buste de cerf sur la façade d’une église !

Pour finir… l’église sous le patronage d’Eustache ? ou d’Agnès ?

L’église qui nous intéresse aujourd’hui n’a pas toujours été dédiée à Eustache. Pour faire un rapide retour sur cette histoire, disons qu’au XIIIe siècle Jean Alais fit édifier une chapelle dédiée à sainte Agnès. Quelques dizaines d’années plus tard des reliques de saint Eustache ayant été données par l’abbaye de Saint Denis à ce lieu de culte (nous sommes en pleine période ou les reliques « garantissent » le succès des édifices religieux) la chapelle devenue paroisse, il fut décidé que l’église ne serait pas l’église Sainte Agnès mais l’église Saint Eustache. Était-ce une manière de « récompenser » le nouveau patron qui assurait le succès de cette nouvelle église ou un effet de patriarcat bien enraciné (un saint valant mieux qu’une sainte…) on ne saurait trancher ici.

 Toujours est-il que le cerf d’Eustache est bien à sa place, en hauteur, et toise un nouveau jardin après les mille et un changement qu’a connu le quartier depuis qu’il se trouve là.

Sources

Sur l’église :

Sur le saint :

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