Détails de la ville – Mascarons

Partout au-dessus des portes et des fenêtres parisiennes des visages vous regardent

 

Une rubrique autour des détails de la ville ?

Aujourd’hui nouvelle rubrique, une rubrique relative aux détails dans l’architecture. Pourquoi une telle rubrique, pourquoi tellement vague ? eh bien c’est simple, nous évoluons au sein d’un environnement fait de signes et de détails, parfois répétés à l’infini (des lions, Hercule, un nid, du feuillage..) et nous les ignorons. Sont-ils signifiants ? insignifiants ? nous disent-ils encore quelque chose ? c’est ce que cette rubrique va essayer de nous dire. Car si on nous rebat les oreilles sur le thème que les églises étaient un grand livre d’images compris de tous au Moyen Age… et bien aujourd’hui les villes sont vieilles, les symboliques pas toujours transmises, alors nous allons tenter quelques explications rapides et simples pour ne pas passer à côté de clefs pourront éclairer votre trajet dans la ville.

 

Aujourd’hui les mascarons

Un mascaron en architecture représente une figure sculptée, souvent la tête d’un personnage humain, qui est placée au-dessus des portes ou des fenêtres. Mais leur diversité est grande comme vous l’avez sans doute remarqué et cela peut laisser perplexe.

Dans son dictionnaire de 1832 Quatremère de Quincy qualifie les mascarons comme ceci : L’usage fort ancien de placer de grosses têtes grotesques, soit sur des clefs d’arcades, soit à l’orifice des fontaines, a fait appeler ces têtes du nom de masques, genre de représentation que les habitudes du théâtre grec ou romain avaient prodigieusement multiplié dans tous les ouvrages de l’architecture et de la décoration. En 1730 Daviler proposait quant à lui une étymologie appuyée sur l’italien Mascharone venant de l’arabe Mascara qui signifierait bouffonnerie. Nous sommes dans un cas comme dans l’autre dans le registre de la caricature et du grotesque. Dans nos promenades il peut nous arriver de tomber sur des mascarons qui possèdent encore leur caractère de caricature, comme ceux du Pont Neuf par exemple.

 

Selon Mignot, dans sa grammaire des immeubles parisiens, les mascarons très en vogue à la renaissance arrivent à Paris en XVIe siècle et en tout premier au Carnavalet. Ils entrent dans le registre architectural commun dès le XVIIe et au XVIIIe siècle et ils se diffusent très largement (voir les nombreux exemples que l’on en trouve à Bordeaux ou à Nantes par exemple).

Mais s’il perpétue une forme traditionnelle, le mascaron évolue au XIXe et au XXe, siècle ainsi pour Mignot : Le mascaron peut prendre une signification plus spécifique par un jeu d’attributs choisis, figurer un satyre, représenter une divinité antique (Pan, Hercule, Flore, Diane ou Minerve) ou évoquer le cycle des saisons ou les âges de la vie (…) au tournant du siècle (du XIXe au XXe), on trouve des têtes classiques, mais aussi des têtes de lion et les figures souriantes du classicisme floral. Un dernier regain, modeste, marqué par les masques africains et l’abstraction primitiviste s’observe dans les années 1930.

Pour « résumer » le mascaron :

  • A une origine ancienne (au moins Antique),
  • Etait plutôt à vocation satyrique,
  • Est souvent devenu décoratif et sans souci symbolique,
  • Continue à jouer un rôle dans les édifices construits, plutôt de décoration, même s’il est de nos jours modeste.

 

Notes

  • Quatremère de Quincy M., Dictionnaire historique d’architecture, tome 2nd, 1832, Paris.
  • Daviler A.C., Dictionnaire d’architecture, 1730, La Haye.
  • Mignot C., Grammaire des immeubles parisiens, Six siècles de façades du Moyen Age à nos jours, Parigramme, 2015, Paris.
  • Photos de l’auteur – tous ces mascarons ont été photographiés à Paris.

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