Musée national Jean-Jacques Henner // niché dans un hôtel particulier comme le coucou

Dédié à une gloire de la peinture aujourd’hui oubliée

C’est en passant en vélo devant cette énigmatique façade que je me suis aperçu, il y a plusieurs mois de cela, qu’un musée inconnu se situait, avenue de Villiers… Pourtant au 43 de l’avenue un étonnant hôtel, aux moucharabiehs et aux escaliers monumentaux (qui ne sont pas sans rappeler la demeure de Pierre Loti à Rochefort) vous ouvre ses portes…

 

… alors donc, un vendredi de janvier je me suis décidé à poursuivre mes recherches des musées mal connus (lire l’article au sujet du musée Jacquemart-André) et à pousser la porte d’entrée de l’immeuble. Celui-ci est certes imposant, mais sans être grandiose il vous transporte immédiatement dans une autre époque, cent ans plus tôt, au cœur de l’atmosphère familière d’une demeure de notable provincial. Parquets, odeur d’encaustique, calme feutré, rien ne rappelle les queues et la presse de beaucoup de musées de la capitale. Je me trouvais cependant bien dans un musée à l’histoire complexe, un musée qui valait le détour.

La façade du 43, avenue de Villiers et une vue depuis l’escalier lorsque vous parvenez au premier étage… préparez-vous à de belles découvertes !

L’hôtel du 43, avenue de Villiers

Pour tout dire rien ne prédestinait Jean-Jacques Henner à voir ses collections abritées dans cet édifice et ceci bien qu’y ayant diné à plusieurs reprises vers 1879. A cette époque, les murs sont occupés par le peintre Guillaume Dubufe et sa famille, ce dernier l’ayant acheté en 1878 à un autre peintre Roger Jourdain. À cette époque Henner était loin de déménager pour la plaine Monceau, il vivait au cœur de la Nouvelle Athènes et travaillait paisiblement dans son atelier de la place Pigalle. C’est la femme de son neveu qui, bien après sa disparition, acquiert le lieu et en fait don avec une collection de plusieurs centaines d’œuvres à l’Etat : le musée trouve là son origine et fut inauguré en 1924.

Qui est Henner ?

Très oublié du grand public Jean-Jacques Henner nait en 1829 en Alsace. Il fait des études à Strasbourg puis aux Beaux-Arts de Paris. Grand prix de Rome 1858, il part l’année suivante pour l’Italie et la Villa Médicis où il passera 5 années réalisant de nombreux voyages à travers la péninsule. De retour à Paris en 1864, il s’installe définitivement dans le quartier de la Nouvelle Athènes (au sud de la place Pigalle) et y entame une carrière de peintre en vogue qui ne se démentira jamais (entre commandes publiques et privées).

En « marge » des mouvements picturaux de son époque Henner ne se rallie clairement à aucun d’eux tout en ayant des traits qui peuvent le rattacher à certains (comme le naturalisme par exemple). C’est ce peintre que le musée vous fera découvrir, un peintre qui s’associe à l’histoire de la France du XIXe siècle (il refuse de prendre la nationalité allemande bien que l’Alsace passe sous domination prussienne, il peint une toile nommée L’Alsace qui le rendra célèbre…), un peintre qui gagne une immense notoriété en peignant, parfois presque à la chaine, des tableaux qui ont pour destination les salons de la bourgeoisie triomphante de la fin de XIXe siècle.

On pourra cependant, avec grand profit, admirer des œuvres souvent superbes ; qu’il s’agisse des vues d’Italie, des portraits souvent touchants de personnes de son entourages (voir l’enfant alsacien à la coiffure en bataille), la série de nus ou les femmes rousses qui firent, entre autres, sa célébrité.

Les raisons d’y aller

  • Découvrir un peintre oublié,
  • Comprendre comment et en quoi le 17e arrondissement de Paris a été un quartier d’artistes,
  • Admirer la salle du dernier étage où se niche l’immense volume d’un atelier de peinture,
  • Visiter un hôtel particulier dont on devine encore la destination d’habitation et d’atelier.

Toutes les infos pratiques

  • Adresse : 43 av de Villiers, 75017, Paris – M° Malesherbes (ligne 3), Monceau (ligne 2), Wagram (ligne 3),
  • Horaires – du lundi au dimanche de 11h à 18h (21h le 2e jeudi de chaque mois),
  • Tarifs : 6 € (plein tarif), 4 € (réduit),
  • Le site web du musée est accessible ici.

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