Des vaches au 148 Faubourg Saint-Denis –
On l’oublie bien souvent mais il y avait à Paris beaucoup d’animaux. Je ne parle pas ici des chiens ou des chats ; sagement confinés dans les appartements dont ils sont les véritables locataires…
… voire propriétaires et souvent mieux traités que beaucoup de nos congénères… non, les animaux dont il est question dans cet article sont ceux qui nous nourrissent d’une façon ou d’une autre.
Il est aujourd’hui question des vaches, naguères nombreuses, à présent reléguées loin de la ville grâce aux transports rapides et aux moyens de conservation moderne du lait. Mais il n’y a pas si longtemps elles vivaient à Paris, … nombreuses (bon, ben, j’ai pas trouvé les chiffres que je cherchais pour avoir l’air véritablement savant mais ce que je peux dire qu’il y avait 464 laiteries* en 1867 dans la capitale). Cela signifie quand même plusieurs milliers de vaches intramuros ! Aujourd’hui nous avons oublié les laitiers Bretons et Auvergnats qui étaient alors les plus nombreux dans ces professions* et ce sont des détails architecturaux qui viennent nous rappeler cette présence. Ainsi cette tête de vache au sommet de la porte cochère du passage Delanos.
Si vous voulez la voir, rendez-vous au 148, rue du Faubourg Saint-Denis. Ce passage était le lieu choisi par la famille Delanos, riches propriétaires terriens normands**, pour installer une exploitation laitière. On y trouvait des étables et tout un ensemble de pièces et de remises nécessaires au stockage et à l’acheminement du lait frais. Tout cela s’organisait autour de 3 cours, construites au XIXe siècle, qui constituent à présent un ensemble particulièrement agréable laissant peu de souvenirs du passé laitier de l’endroit.
- *in Le lait, la vache et le citadin, Du XVIIe au XXe siècle, PO Farnica, éd. Quae, 2008.
- ** in Le 10e arrondissement – Itinéraires d’histoire et d’architecture, Aude Henry-Gobet, Action artistique de la ville de Paris, coll. Paris en 80 quartiers, 2000.