Place Vendôme – opération immobilière sous Louis XIV

Place Louis XIV – place Napoléon – place à la fleur de Lys – place de la colonne abattue…

L’histoire de la place Vendôme ça commence un peu comme un projet de lotissement de pavillons

 

Une place entourée de façades mais… pas d’immeubles derrière

C’est l’histoire d’une place de Paris harmonieuse, aux coins biseautés, si belle, qu’aucun monarque, aucun empereur, ni aucun prince-président n’a résisté au désir de se l’approprier. Commencée par Louvois elle devait accueillir une statue équestre à la gloire de son maître Louis XIV mais ses premiers jours furent compliqués et il faut attendre Mansart pour que les premiers murs ne s’élèvent.

Elle se trouvait alors à la limite ouest de la ville, et pour attirer une clientèle fortunée qui jusque-là la boudait, ce dernier traça les plans des façades qu’il fit construire, sans immeuble derrière, comme s’il s’agissait d’un décor de théâtre… Cette idée fonctionna à la perfection et les acheteurs vinrent bientôt construire, selon leurs goûts, les hôtels luxueux.

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Révolution et restauration

Pendant la Révolution, la statue de Louis XIV avait été détruite ce qui ennuyait tout de même les sans culottes qui comprenaient bien qu’il fallait quelque chose pour décorer cette place… on pensa donc à la remplacer par une colonne départementale… il fut ensuite question d’y placer à son sommet une statue de Charlemagne prise à Aix-la-Chapelle au cours des conflits révolutionnaires… Mais la bonne fortune de Bonaparte, bientôt devenu Napoléon, transforma le projet comme suit : on allait édifier une colonne, imitation de la colonne trajane de Rome*, et à son sommet on placerait une statue du nouvel empereur ! En 1810 le tout était terminé.

Mais le XIXe fut fécond en retournements politiques et avec la Restauration, les Bourbons firent bientôt descendre Napoléon de son promontoire pour y placer une fleur de Lys plus symbolique de leur pouvoir reconquis.

Second Empire, troisième République… à nos jours

Le second Empire expirant fut remplacé, à Paris, par la Commune dont les promoteurs avaient grande hâte de voir disparaître les symboles. La place Vendôme n’avait cependant pas conservé totalement le même visage entre 1815 et 1870, à la fleur de lys succéda bientôt un simple drapeau puis une nouvelle statue de Napoléon sous Louis-Philippe (l’empereur était mort depuis longtemps et le pouvoir royal pensait pouvait récupérer ce sans risques ce symbole du génie militaire Français).

La Commune décida d’abattre ce monument de l’oppression impériale et le peintre Courbet fut particulièrement actif pour réclamer cette disparition, contribua à sa destruction au milieu de la foule en liesse. Le peintre eut cependant à souffrir de l’épisode car la Commune ne dura pas et il fut condamné non seulement à l’exil mais aussi à rembourser les frais de reconstruction de ladite colonne… Ses dernières années ne lui laissèrent que le temps de verser les premiers francs de cette dette pharaonique avant qu’il ne s’éteigne.

La 3e République reconstruisit quant à elle la colonne, y replaça Napoléon et la place retrouva son nom… celui de place Vendôme. Depuis ces ultimes changements opérés par une République qui semble-t-il ne dédaignait pas le faste impérial ni monarchiste plus rien, ou presque, ne vint altérer le calme d’un lieu désormais dédié au luxe des bijoux, au tourisme aisé et au chaland impressionné par l’argent.

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*Colonne trajane : colonne triomphale romaine située sur le forum de Trajan à Rome. Elle est célèbre pour le bas-relief qui s’enroule en spirale autour de son fût qui commémore la victoire de l’empereur Trajan sur les Daces lors des deux guerres daciques (101-102 et 105-106 ap. JC). Ex. Wikipedia

 

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