Le Maquis… éphémère quartier de Paris

Accroché à la butte Montmartre

Se nichait un quartier longtemps distinct du reste de la ville qui l’encerclait (voir la photo ci-dessous) et que l’on appelait le maquis.

 

Ce nom, bien trouvé, fait penser à un paysage sec, broussailleux et difficile à parcourir mais il s’agissait surtout d’un immense bidonville dont les photos font un triste écho avec les camps de Roms que l’on voit fleurir au nord de Paris.

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Situé sur le nord-ouest de la butte Montmartre il couvrait une zone allant des rues Cortot, de l’Abreuvoir, suivant le tracé de l’avenue Junot pour courir le long de la rue Caulaincourt et remonter par la rue du Lapin Agile.

Zone toute en pentes et en côtes (sans aucun des escaliers qui font l’identité du Montmartre d’aujourd’hui), labyrinthique, aux innombrables accès, elle servait de refuge à une population hétéroclite de biffins, petits truands, artisans, ouvriers, brocanteurs et vagabonds. Des artistes (comme Modigliani) l’ont également fréquentée. Bâtie de cabanes plus ou moins robustes et durables elle sentait le soufre, était à ce qu’il parait dangereuse…

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On ne sait pas au juste depuis quand ce quartier d’exclus et de précaires existait, mais dans son ouvrage André Roussard(1) indique qu’en 1887 la zone en question semblait plutôt être celle des maraichers comme en témoigne le tableau de Van Gogh Jardins sur la butte Montmartre. Ce que l’on connait beaucoup mieux, par contre, c’est le moment où ce quartier éphémère a commencé à disparaitre : en 1904 date à laquelle des travaux d’aménagements et de construction de ses rues ont débuté.

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Le processus de « gentrification » était en marche et il est vrai que les promoteurs avaient eu le nez creux car ces rues sont devenues parmi les plus belles et « typiques » du Paris de la belle époque. On a en effet l’impression de se retrouver, lorsqu’on les parcourt, dans celles des Aristochats et il ne manque que quelques voitures d’époque pour y être tout à fait. On notera aussi que l’avenue Junot, percée dans ces années (qui a totalement sonné le glas du maquis) devait courir jusqu’à l’église Saint-Pierre mais n’a jamais été achevée (préservant ainsi les rues « typiques » du sommet de la butte Montmartre pour le bonheur des touristes parisiens).

Avec ces travaux d’aménagement la messe était dite pour le maquis qui inexorablement reculait pour petit à petit disparaître et en 1939 son dernier habitant, Paco Durrio, en quitta le dernier réduit.

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  • 1/ André Roussard, Dictionnaire des lieux à Montmartre,  Paris, 2001.
  • Les 3 premières images sont issues de l’ouvrage d’André Roussard, Dictionnaire  des lieux à Montmartre, cf. supra.
  • Les toiles sont de Van Gogh et ont été peintes aux alentours de 1886, source internet.

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